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Look.Listen. Les affiches d'Ine Ilg
Discours d'introduction du professeur Kurt Weidemann (extrait)

Les affiches sont les bandits de grand chemin de notre époque. Des bandits de grand chemin silencieux à une place prédéterminée. Seulement : elles ne veulent pas te voler à la manière des bandits de grand chemin. Ils veulent t'offrir quelque chose. Ils te guettent pour t'attirer à une représentation, à un événement ou pour te vendre quelque chose.

Parfois, quelque chose de visuel (l'affiche) doit faire référence à quelque chose d'acoustique (la musique). Les arts essaient toujours de correspondre les uns avec les autres et de se produire les uns avec les autres : La peinture avec le décor et les costumes pour le spectacle, l'opéra en plus avec le chant et la musique, le film avec le son stéréophonique. On voit avec les yeux et en même temps, il y a quelque chose pour les oreilles. Notre oreille a une mémoire mélodique, tout comme nos yeux ont une mémoire visuelle. Si l'on y ajoutait des composantes olfactives, plus de la moitié de nos sens seraient déjà occupés.

Autrefois, lorsqu'il s'agissait d'annoncer dans un village une soirée musicale ou une visite de cirque, un tambour et un trompettiste traversaient le village ou un clown faisait la roue et la culbute. L'affiche a besoin que quelqu'un passe et s'intéresse à son message. La concurrence électronique numérique la dépasse actuellement à pas de géant. Une plate-forme Internet créée il y a trois ans, "My Space", compte déjà plus de 150 millions d'utilisateurs et en gagne 23 000 par jour. Un magazine lancé à la même époque sort tout juste des chiffres rouges. Sur Internet, on peut être en déplacement 24 heures sur 24, l'affiche - comme son observateur - passe la nuit dans l'obscurité. Pourtant, l'affiche nous appartient davantage. Elle est plus proche de notre sens et de notre être. Elle est un objet de collection, elle peut être utilisée comme décoration murale, elle est plus durable dans son appel.

J'en viens maintenant à Ine Ilg. Son thème est l'affiche mot-image sans son pour la musique, pour le jazz. Elle doit nous faire comprendre par le sens du visage, par l'oeil, que nous devons écouter le jazz et ce en direct, en allant le voir. Dans le domaine du design graphique, aucun produit ne s'affiche aussi résolument en public, dans les rues et sur les places, que l'affiche avec des messages qui attirent l'attention et incitent à l'action pour : Pfanni Knödel et Absolut Vodka, pour des concerts symphoniques et le Faust II de Goethe.

Les frères et soeurs de l'affiche sont l'annonce pleine page, la jaquette de livre et, plus petit, le timbre-poste. Tous cherchent à attirer l'attention, à susciter l'attention et à déclencher une activité, par exemple en collant le timbre pour le rendre transportable.

 
 

L'art allemand de l'affiche est représenté par de grands noms au niveau international et dans les musées correspondants à New York, Tokyo et en Europe. Ine Ilg y participe avec un style très personnel grâce à des distinctions. Avec les moyens de la typographie, c'est-à-dire la conception avec des lettres, elle peut, dans une coordination bien dosée et délicate entre elles, d'une part maintenir la lisibilité et d'autre part rendre justice au jazz avec ses improvisations qui s'écoulent librement. En outre, les attentes liées à de grands noms tels que Miles Davis, Fats Domino et l'orchestre Count Basie doivent être satisfaites de manière à ce que le souhait d'assister à un concert aboutisse à une décision ferme d'y aller. Les jurys spécialisés ont également confirmé qu'elle y parvenait, par exemple à plusieurs reprises lors du concours annuel des "Cent meilleures affiches".

Pour être - selon ses mots - rythmé, mystérieux, électrisant, expressif, émouvant et interactif, on ne peut évidemment pas s'en tenir aux règles académiques de composition de phrases, de mélange de caractères, d'utilisation de photos, de composition de surfaces. Au contraire, après avoir appris à les maîtriser, il faut les utiliser de manière intelligente et créative. Et ce, après les avoir maîtrisés, pas avant. Il faut les "réutiliser" d'une manière remarquable. Si ces affiches sont réussies, on peut aussi les écouter de l'intérieur en les regardant, trouver un écho.

Les affichistes doivent - plus encore que dans d'autres domaines du design - être capables de faire ce que Bert Brecht exigeait d'un bon auteur de pièces : ils doivent pouvoir penser avec la tête des autres. L'affichiste doit donc penser avec la tête et la musique des grands noms du jazz annoncés et avec la tête du groupe cible des amateurs de jazz. C'est pour cela qu'ils ont, les affichistes, et que Ine Ilg a activé et cultivé leur pouvoir de création. Celui qui ne connaît que son propre point de vue sur la question peut facilement faire des erreurs d'appréciation et avoir des opinions erronées. Il est comme celui qui se tient sur la rive d'un fleuve et qui crie à celui qui se trouve de l'autre côté : "Comment fait-on pour passer de l'autre côté ?" Réponse : "Mais tu y es déjà !

Je dois maintenant vous laisser à vos yeux. C'est à Hans Platschek, qui a longtemps vécu et peint ici, que l'on doit cette phrase : "Un tableau n'a de valeur que par rapport à l'observateur qui se tient devant lui". Vous avez ici l'occasion de faire l'expérience d'une augmentation de la valeur. Ce dont je vous félicite.

Photographie
Hans-Ulrich Denninger
Ine Ilg

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«Look. Listen.»
Installation d'un mobile | Exposition d'affiches